Foire aux questions / conseils du forum
La tribu est un endroit qui donne l’opportunité d’avoir de nombreux échanges avec des personnes qui souffrent de leur consommation d’alcool ou de celle d’un de leurs proches. Voici quelques réponses à des demandes et des questions qui reviennent le plus souvent.
Message à l'entourage: lutter contre la non-communication.
La maladie alcoolique, comme de nombreuses dépendances, peut correspondre à la tentative de trouver dans la substance une solution à des difficultés, qui sont souvent d’ordre relationnel. Lorsqu’on fait partie de l’entourage d’une personne malade, il semble important de continuer à communiquer avec la personne malade, tant sur ce qui va bien que sur ce qui va mal. Ce n’est pas facile pour autant, car la personne dépendante aura peut-être tendance à rester silencieuse, à fuir le contact. C’est un travail sur le long terme, car la modification de comportement prend du temps.
Message à l'entourage: nécessité à poser des limites?
Communiquer ne signifie pas pour autant tout accepter. Il faut absolument rester cohérent face à la dépendance de quelqu’un. Qui n’a jamais modifié peu à peu son emploi du temps, sa manière d’être afin de s’adapter à l’imprévisibilité et aux actes de la personne dépendante ? Il peut également arriver que l’on se sente de plus en plus responsable de tous les comportements de celle-ci… Il convient pourtant de poser impérativement des limites, de savoir dire non, et de ne pas prendre la place de soignant, même si la tentation est grande.
Message à l'entourage: prendre une certaine distance, prendre soin de soi.
En ne prenant pas la place des soignants, l’entourage peut ainsi prendre ou garder une certaine distance, nécessaire pour survivre psychiquement, et physiquement. Ceci permet à l’entourage de garder des ressources pour pouvoir mener sa propre existence (c’est primordial), afin de pouvoir également apporter un soutien adéquat à la personne dépendante.
Message à l'entourage: attention à la codépendance.
Réponse du médecin: Les quelques conseils prodigués ci-dessus sont issus du concept de codépendance, que vous pourrez retrouver plus en détail dans la partie du site consacrée à l’entourage. Ce phénomène se retrouve souvent entre une personne dépendante et son entourage. Cela correspond à une suradaptation de l’entourage vis-à-vis de la maladie, mais qui a pour conséquence le statu quo. Cela signifie que les comportements de codépendance ont tendance à entretenir le problème plutôt qu’à le régler.
En savoir plus sur la codépendance |
Message pour tous: faire appel à un médecin.
Pourquoi faire appel à un médecin lorsqu’on souffre d’une dépendance ?
Parce que la dépendance est une maladie, et qu’une maladie, cela se soigne. Le sevrage, c'est-à-dire l’arrêt de consommation d’une substance n’est pas un fait anodin : des symptômes de sevrage peuvent apparaître, et certains sont dangereux pour la santé, voire mortels. Ainsi, il est impératif d’informer son médecin traitant lorsqu’on envisage de viser une abstinence, et même une modération de la consommation d’alcool.
Par ailleurs, lorsqu’on est dépendant d’une substance, le fait d’arrêter de consommer n’est pas suffisant. Le maintien de l’abstinence (ou bien de la consommation contrôlée) est une étape tout aussi importante, et qui passera probablement par un traitement complémentaire : travail motivationnel, psychothérapie individuelle selon différents modèles, etc. Ceci permet le traitement de troubles associés (dépression, trouble de la personnalité, etc…), mais également d’arriver à la compréhension de la dépendance dont on souffre, et des raisons psychiques de son existence. C’est souvent l’arbre qui cache la forêt…
Les médecins de famille sont en général les premiers que l’on informe. Il est possible avec eux de discuter de la façon dont on va pouvoir traiter le problème de dépendance. Néanmoins, il est également possible de faire appel à certains spécialistes comme les psychiatres, et les alcoologues (spécialistes du domaine de l’alcool). Soutien et psychothérapie peuvent également être réalisés par un psychologue, mais celui-ci ne s’occupe pas de la santé physique et ne peut prescrire de traitement.
Lorsqu’on fait partie de l’entourage, on peut également faire appel à un médecin. En effet, on peut éprouver une souffrance telle que notre quotidien est affecté par la dépendance d’un proche. C’est le cas, par exemple, lorsqu’une codépendance existe : anxiété, difficulté à se concentrer, difficulté à se situer, à savoir quoi faire, comment poser des limites, comment ne pas se laisser envahir par les problèmes d’autrui… L’entourage a tout autant besoin de soutien ! Et, quand on prend le rôle de soutien pour un proche, ce n’est pas facile d’admettre que l’on a besoin d’être aidé à son tour… Parlez-en à votre médecin.
Message aux personnes souffrant d'un problème d'alcool: s'entourer, ne pas rester seul / isolé.
Comme on peut le constater, dans tous les cas, il est important de s’entourer de personnes soutenantes. On ne peut pas soigner une addiction en restant seul. Le soutien doit venir avant tout de professionnels qui connaissent le domaine ; la famille et les amis sont aussi des ressources mais ne doivent jamais être les seules à intervenir ; les groupes d’entraide et les mouvements d’anciens buveurs peuvent également avoir un intérêt.
Quelques questions que l’on peut se poser
Voici quelques pistes de réflexion que nous vous proposons d’explorer si vous hésitez à stopper votre consommation d’alcool ou bien si vous ne souhaitez pas modifier celle-ci.
- Pourquoi ai-je des réticences à parler ouvertement de mon problème d’alcool avec mon médecin ou avec mon entourage proche ?
- Que se passera-t-il si mon entourage apprend que je suis malade de l’alcool ?
- Ai-je plus peur des conséquences relationnelles de mon statut de « malade » que des conséquences de l’alcool sur mon organisme ?
- Vais-je réellement perdre quelque chose si j’arrête de consommer ?
- Quel risque y a-t-il à ne plus être considéré comme un fêtard ?
- Que se passera-t-il si je surmonte ma peur de me montrer différent de d’habitude ?
- Pourquoi ai-je des difficultés à reconnaître que j’ai besoin d’autres personnes pour soigner ma dépendance à l’alcool ? (la perte de contrôle est l’essence même de la dépendance)
- Qu’ai-je peur de perdre en arrêtant de boire ?
- Quel est l’aspect de ma vie actuelle que j’aimerais surtout ne pas perdre ?